Le Livre du Bonheur

f. 7v, Le sultan Murad III contemple le codex, émerveillé


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La première miniature du Livre du Bonheur montre le commanditaire de l’œuvre, le sultan Murad III. Le sultan est assis jambes croisées, au centre non seulement de la miniature, mais aussi d’une estrade, d’un tapis en guise de « médaillon central », de la chambre et, symboliquement, du monde, en sa qualité de padishah ou « seigneur de l’univers ». Il est très richement habillé, avec un cafetan sans manches et le grand turban
caractéristique des sultans ottomans du xvie siècle. On voit trois murs de la chambre, aux tons gais et peints avec une perspective rudimentaire. La fenêtre que le sultan a derrière lui donne sur le jardin fleuri du palais ; les deux qui se trouvent sur les murs latéraux demeurent fermées. Le reste de la chambre est décoré d’un revêtement d’azulejos, d’une peinture imitant le marbre, de dessins de couleur bleue sur fond blanc, et de trois vitraux ou qamariyyas, avec un cyprès au centre.
Debout devant le sultan, et tout en bas de l’estrade, apparaissent deux janissaires. L’un d’eux tient l’épée royale enveloppée dans une housse en toile, et l’autre un pot sphérique en or, pourvu d’un col étroit et d’un couvercle convexe, qui, s’il n’était un simple récipient destiné au vin, pourrait passer pour un autre symbole de la souveraineté. Deux nains royaux distraient le sultan, en jouant au bord d’un bassin alimenté par un jet d’eau central et six tubes dorés en forme de tête d’animal.
Mais, ce qui attire particulièrement notre attention dans l’enluminure, c’est la position de la tête de Murad III et ce qu’il y a sur le bureau, du côté droit. Le sultan contemple, absorbé, admiratif et visiblement satisfait, le codex qui repose sur le tiroir ouvert du bureau. Sur ses deux pages on distingue clairement deux illustrations avec des signes du zodiaque et leurs décans, comme celles qui occupent les folios 8v à 30v du manuscrit en question. A côté, on voit d’autres livres, signe du raffinement du sultan et de ses inclinations littéraires. Le bureau comporte aussi une caisse, haute et dorée, qui renferme probablement une de ces horloges ou de ces ingénieuses mécaniques dont la royauté ottomane était particulièrement friande, et qu’elle sollicitait souvent, comme cadeau, des ambassadeurs européens à Istanbul.


f. 7v, El sultán Murad III con el Libro de la Felicidad

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f. 7v, Le sultan Murad III contemple le codex, émerveillé

La première miniature du Livre du Bonheur montre le commanditaire de l’œuvre, le sultan Murad III. Le sultan est assis jambes croisées, au centre non seulement de la miniature, mais aussi d’une estrade, d’un tapis en guise de « médaillon central », de la chambre et, symboliquement, du monde, en sa qualité de padishah ou « seigneur de l’univers ». Il est très richement habillé, avec un cafetan sans manches et le grand turban
caractéristique des sultans ottomans du xvie siècle. On voit trois murs de la chambre, aux tons gais et peints avec une perspective rudimentaire. La fenêtre que le sultan a derrière lui donne sur le jardin fleuri du palais ; les deux qui se trouvent sur les murs latéraux demeurent fermées. Le reste de la chambre est décoré d’un revêtement d’azulejos, d’une peinture imitant le marbre, de dessins de couleur bleue sur fond blanc, et de trois vitraux ou qamariyyas, avec un cyprès au centre.
Debout devant le sultan, et tout en bas de l’estrade, apparaissent deux janissaires. L’un d’eux tient l’épée royale enveloppée dans une housse en toile, et l’autre un pot sphérique en or, pourvu d’un col étroit et d’un couvercle convexe, qui, s’il n’était un simple récipient destiné au vin, pourrait passer pour un autre symbole de la souveraineté. Deux nains royaux distraient le sultan, en jouant au bord d’un bassin alimenté par un jet d’eau central et six tubes dorés en forme de tête d’animal.
Mais, ce qui attire particulièrement notre attention dans l’enluminure, c’est la position de la tête de Murad III et ce qu’il y a sur le bureau, du côté droit. Le sultan contemple, absorbé, admiratif et visiblement satisfait, le codex qui repose sur le tiroir ouvert du bureau. Sur ses deux pages on distingue clairement deux illustrations avec des signes du zodiaque et leurs décans, comme celles qui occupent les folios 8v à 30v du manuscrit en question. A côté, on voit d’autres livres, signe du raffinement du sultan et de ses inclinations littéraires. Le bureau comporte aussi une caisse, haute et dorée, qui renferme probablement une de ces horloges ou de ces ingénieuses mécaniques dont la royauté ottomane était particulièrement friande, et qu’elle sollicitait souvent, comme cadeau, des ambassadeurs européens à Istanbul.


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