L'Apocalypse en Français

f. 7r Le message à l'Église de Pergame (Apocalypse 2, 12-17)


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L'ange-évêque est assis sur un trône épiscopal en forme de siège curule. Il reçoit le phylactère, symbole du message que Jean est chargé de lui transmettre et dans lequel le Christ félicite le chef de la communauté sur la fidélité à son Nom au temps de l'épreuve lorsqu'un certain Antipas témoigna de sa foi au prix de sa vie. Une tradition ancienne dont le commentateur ne se fait cependant pas l'écho voyait en lui l'évêque de Pergame martyrisé sous Domitien. Pergame n'est toutefois pas exempte de déviances auxquelles il est fait allusion dans l'élégante église qui représente la communauté chrétienne. C'est un édifice à deux étages couronné par une toiture ceinte d'un parapet crénelé doré et ajourée d'oculi quadrilobés. Les tours gothiques sont sommées de croix d'or; un chardonneret participant du décor marginal est perché sur celle de la tour-porche. La nef est divisée en deux larges arcatures. Celle de droite abrite une scène de culte païen : devant une idole, statuette d'un nu à l'antique armé d'une lance et s'appuyant sur un bouclier, des adorateurs, agenouillés, offrent un agneau pendant qu'un musicien accompagne la cérémonie au son de la vièle. Sous l'arcature de gauche se déroule un banquet courtois de cinq convives au cours duquel la chair de la victime est vraisemblablement consommée. L'illustration évoque les pratiques hérétiques des nicolaïtes, dont il a déjà été question dans le message à l'Église de Smyrne, et les coutumes des adeptes de Balaam. Ce prophète cupide dont l'histoire est racontée dans le livre des Nombres (22-23) avait été soudoyé par Balaq pour maudire les fils d'Israël contre lesquels ce roi moabite était en guerre, et les inciter à la prostitution, c'est-à-dire dans le contexte biblique à l'idolâtrie, en mangeant des viandes immolées aux idoles. La récompense céleste attend ceux qui ne seront pas tombés dans le piège du paganisme : Dieu, sortant de la nuée étoilée, tient ostensiblement une pierre ovale et opalescente, le mystérieux caillou blanc sur lequel sera gravé un nom nouveau « que nul ne connaît hormis celui qui le reçoit ».

Marie-Thérèse Gousset et Marianne Besseyre
Centre de Recherche sur les Manuscrits Enluminés, BnF
(Extrait du volumen de commentaires Apocalypse 1313)

f. 7r, El mensaje a la Iglesia de Pérgamo (Ap. 2, 12-17)

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f. 7r Le message à l'Église de Pergame (Apocalypse 2, 12-17)

L'ange-évêque est assis sur un trône épiscopal en forme de siège curule. Il reçoit le phylactère, symbole du message que Jean est chargé de lui transmettre et dans lequel le Christ félicite le chef de la communauté sur la fidélité à son Nom au temps de l'épreuve lorsqu'un certain Antipas témoigna de sa foi au prix de sa vie. Une tradition ancienne dont le commentateur ne se fait cependant pas l'écho voyait en lui l'évêque de Pergame martyrisé sous Domitien. Pergame n'est toutefois pas exempte de déviances auxquelles il est fait allusion dans l'élégante église qui représente la communauté chrétienne. C'est un édifice à deux étages couronné par une toiture ceinte d'un parapet crénelé doré et ajourée d'oculi quadrilobés. Les tours gothiques sont sommées de croix d'or; un chardonneret participant du décor marginal est perché sur celle de la tour-porche. La nef est divisée en deux larges arcatures. Celle de droite abrite une scène de culte païen : devant une idole, statuette d'un nu à l'antique armé d'une lance et s'appuyant sur un bouclier, des adorateurs, agenouillés, offrent un agneau pendant qu'un musicien accompagne la cérémonie au son de la vièle. Sous l'arcature de gauche se déroule un banquet courtois de cinq convives au cours duquel la chair de la victime est vraisemblablement consommée. L'illustration évoque les pratiques hérétiques des nicolaïtes, dont il a déjà été question dans le message à l'Église de Smyrne, et les coutumes des adeptes de Balaam. Ce prophète cupide dont l'histoire est racontée dans le livre des Nombres (22-23) avait été soudoyé par Balaq pour maudire les fils d'Israël contre lesquels ce roi moabite était en guerre, et les inciter à la prostitution, c'est-à-dire dans le contexte biblique à l'idolâtrie, en mangeant des viandes immolées aux idoles. La récompense céleste attend ceux qui ne seront pas tombés dans le piège du paganisme : Dieu, sortant de la nuée étoilée, tient ostensiblement une pierre ovale et opalescente, le mystérieux caillou blanc sur lequel sera gravé un nom nouveau « que nul ne connaît hormis celui qui le reçoit ».

Marie-Thérèse Gousset et Marianne Besseyre
Centre de Recherche sur les Manuscrits Enluminés, BnF
(Extrait du volumen de commentaires Apocalypse 1313)

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