Sept copies du Traité d'Albumasar ont été recensées dans le monde. Les éditions M. Moleiro ont repris en publication quasi-originale le manuscrit de la British Library, référencé Sloane Ms. 3983, daté de la moitié du 14e siècle et réalisé en Bourgogne. On pense que son auteur, Georgius Zothorus Zaparus Fendulus était au 12e siècle un clerc attaché à la cour du roi de Sicile. Il s'agit d'une savante et poétique compilation d'un ouvrage d'astrologie écrit en langue arabe par un savant musulman du 9e siècle de notre ère : Abou Mashar Al-Balkni dont le nom a été latinisé en Albumasar. Il était né en 787 dans une province de l'Iran, le Khorassan.
Albumasar était mathématicien, philosophe et astrologue, son savoir semble venir de l'Inde, de l'Orient mystérieux, il rejoint celui de la Haute Antiquité égyptienne et grecque.
En fin de compte, on ne connait pas l'origine de l'astrologie. De nos jours on doute de sa vérité, comme on en a toujours douté. Parce qu'il s'agit d'un raisonnement complexe qui fait entrer dans un autre monde avec d'autres raisonnements.
Les sciences antiques et moyenâgeuses connaissaient très bien la notion d'expérience répétitive permettant de tenir une chose pour vraie, et son contraire pour une élucubration. Sinon, il n'aurait jamais été possible de construire un pont ou un château-fort, ou bien de produire du blé, car cela nécessite un savoir logique fondé sur l'expérience et la vérification. Mais un des principes de base de la compréhension des choses était que chaque vérité avait sa partie obscure, sa contrevérité, son absolu divinatoire, sa croyance en Dieu et dans les puissances étranges pour nous, simples mortels, de l'au-delà : Alchimie et Chimie ne font qu'un, Astrologie et Astronomie sont aussi les deux aspects du même savoir, notre vie réelle et celle de l'au-delà font partie de la même définition de l'être.
L'astrologie a ses certitudes et ses vérités, comme toute science. Mais elle pousse l'être humain à douter de soi avec peu d'espérance, elle le met au coeur d'une tragédie qui est la sienne parce que chaque destinée comportera un jour un drame. Une pensée dominante de notre monde moderne, issue de la logique de la Révolution industrielle, a voulu la reléguer définitivement au rang des fausses sciences. Mais rien n'est moins sûr. C'est une science qui gêne notre quête actuelle du bonheur, du progrès, de la logique menant aux certitudes rassurantes dont notre société se fait le parangon, en la qualifiant de rationaliste et en lui prêtant la qualité d'être toujours vraie. Et pourtant... Astrologie et Alchimie font partie de ce merveilleux rêve du monde d'où sont parties nos sciences actuelles à la conquête de la matière. Elles sont toujours dans la conscience du monde.
Mars : chute
Traité d'Albumasar
©Éditions M.Moleiro
Les différentes religions ont toujours reconnu la part obscure des choses et leurs degrés d'incompréhensions pour l'humanité. Comment un prêtre vivant au Moyen Âge, saint Malachie, a-t-il pu annoncer que le pape Jean-Paul 1er exercerait son pontificat le temps d'une demi-lune ? Comment Nostradamus a-t-il pu citer à la Renaissance le petit village inconnu de Varennes en ce qui concerne le destin de la monarchie française ? On le sait pourtant : En partant de l'astrologie et de l'observation des constellations et planètes, en s'appuyant sur une autre façon de comprendre les mathématiques, la chimie et les lois de la physique. En notre 21e siècle, les progrès de la physique quantique, de la science acoustique et de tant d'autres recherches commencent cependant à nous démontrer les limites du matérialisme de base. Pour l'instant, on en est arrivé à la conclusion que la matière a une conscience, l'électron un raisonnement, et avec certainement des capacités à l'empathie. Cela remet en question toute logique froide de la cause et de l'effet. Rien ne serait mécanique. Rien ne serait définitivement explicable. Il suffit pour s'en rendre compte de vérifier certains usages du monde rural d'autrefois. Par exemple, ne jamais pratiquer une coupe d'arbres à l'intérieur d'une forêt en période de pleine lune. C'est la forêt entière qui se meurt en très peu de temps. Qu'est-ce qu'une coupe d'arbres peut bien à voir avec la pleine lune ?
L'ouvrage de Fendulus est en deux parties : la première sur les constellations, la seconde sur les planètes. À la suite d'Albumasar, il conçoit une différence sur leurs rôles face à nos destinées humaines. Pour simplifier, on pourrait énoncer que dans ces décors de pièce de théâtre que sont les constellations, on voit les acteurs agir, influencés par les planètes qui les dirigent pour nous faire vivre l'essence de la tragédie. Le principe des constellations développé par Albumasar repose sur les figures que l'on peut deviner et voir dans le ciel. Peu importe que ces figures nous représentent des étoiles qui peuvent être déjà mortes dans le temps. Ces figures repérées vont provoquer en nous ce qui peut être considéré comme une modification de conscience. Celle-ci est peut-être induite par des vibrations émises par les constellations. On rejoindrait là les théories sur les ondes et l'acoustique.
Les positions des constellations dans leurs décans décrivent les circonstances où va se situer une destinée pour un individu ou pour un peuple, avec les guerres, les épidémies, les apogées et les déclins. Un décan, c'est 10 degrés d'un cercle qui a donc 36 décans à partir d'un point donné sur sa circonférence. C'est à partir de ces décans de 10 degrés que vont être analysées les influences des constellations. Cette constellation constitue le cadre du drame où vous allez vivre. C'est le destin fixé par les Dieux. Ou par Dieu, selon le siècle et le pays où vous êtes né. Et peu importe, en terme d'histoire de la pensée religieuse, l'astrologie a eu le mérite de pouvoir s'appliquer aussi bien en utilisant le paganisme que le monothéisme. Même si les constellations ne représentent pas des figures circulaires, elles reposent sur la numérotation du cercle en 360 degrés établie autour d'un centre unique, primordial, infiniment indéfini, allant jusqu'à l'infiniment petit et invisible, mais défini abstraitement de telle façon que sans lui rien n'existe. Cette vérité abstraite de la définition du centre va se retrouver dans chaque signe astrologique, dans chaque caractéristique de constellation. Aussi bien pour l'explication des constellations que des planètes, Albumasar utilise de plain-pied la notion de cercle.
C'est certainement pour cette raison que les thèmes astrologiques sont représentés en forme de cercle. L'ésotérisme chrétien des nombres peut être utilisé pour comprendre le raisonnement de l'astrologie à partir du cercle et des nombres. Louis-Claude de Saint Martin part lui aussi de l'idée que tout est dans le chiffre un qui est symbolisé par un cercle ou un point ou le centre du cercle qui est comme le cercle. Dans le même ordre d'idée, il n'y a qu'un Dieu, créateur de tout ce qui existe. Il est à la fois au centre du cercle, à l'intérieur du cercle et sur la circonférence du cercle, incluant ainsi tous les nombres qui vont se déduire du nombre 1. Le chiffre 2 est la séparation du 1, à l'image de l'humain se séparant de Dieu pour aller vers sa destinée, et se retrouve dans le 3 avec le 1 : 1+2 = 3. Ce qui explique ce que l'on peut comprendre du mystère de la Trinité. La propriété du cercle est que l'on revient toujours en avançant au point de départ, et que chaque point du cercle est à la fois un point d'arrivée et un point de départ. À partir de là peuvent se définir les raisonnements astrologiques, les approches de la psychanalyse analytique, les grands principes de l'Alchimie, cette science qui est l'ancêtre, donc le terreau de notre chimie actuelle. Mais pourquoi utiliser les décans de 10 degrés pour expliquer le rôle des constellations ? On peut dire qu'avec le nombre 10, on retourne au 1 : 1 + 0 = 1 . Tandis que 36 décans donnent 3 + 6 = 9 = 3².
La vérité des nombres ne repose pas seulement sur leur addition de chiffres, mais sur tout un raisonnement mathématique : Un nombre entier est avant tout une idée. On peut l'approcher par des formules de suites mathématiques mais sans pouvoir l'atteindre. Un peu comme si on ne pouvait pas aborder toute la complexité d'un être humain, ou de Dieu, et que l'on est obligé de procéder par une image pour se le représenter dans notre propre conscience et raisonnement. Les nombres entiers que l'on a l'habitude d'utiliser : 1, 2, 3, 4, 5... ne représentent d'ailleurs qu'une partie infime de la totalité des nombres. Il existe aussi les nombres négatifs, les nombres non finis, les nombres imaginaires, etc... Mais ces nombres entiers ne sont-ils qu'une abstraction que notre réalité quotidienne nous entraîne à regarder comme des nombres exacts ? Le 1 contient-il en fin de compte le 3 et le 10, et dans quel monde nous mène une telle proposition ? Ne s'agit-il pas d'ailleurs d'un monde infiniment religieux ? Jung cite cette remarque de Tertullien : Et le fils de Dieu est mort, chose parfaitement croyable parce qu'elle est absurde. Et ayant été enseveli, il ressuscita, chose certaine parce qu'elle est impossible.
En astrologie, vie, mort et destinée sont liées par des relations étranges qui peuvent paraître absurdes. Mais si l'on intègre un système de pensée où l'absurde est une simple méconnaissance de quelque chose qui est pour l'instant insaisissable, on entre peu à peu dans cette insaisissable, et certains arrivent même à l'interpréter.
L'astrologie est ainsi un langage qu'il faut apprendre si l'on veut l'utiliser. Sinon, on passe par un traducteur, l'astrologue, qui lui-même peut faire des erreurs de traduction, comme n'importe quel traducteur peut être mené à en faire. Considérez un cercle, il devient un mandala pour un hindou ou un psychanalyste jungien, c'est à dire une figure en forme de cercle où vont se trouver les images des constellations, des planètes et de vous-même qui êtes à la fois au centre du cercle, puisqu'il s'agit de votre analyse, et sur les côtés, à différents points où l'on a situé vos planètes.
Pour un monothéiste, on pourrait considérer que chaque planète est celle d'un ange, d'un esprit, d'un être que l'on voit mais qui n'est pas de notre nature. Pour un païen, chaque planète est comme un Dieu ou une déesse du Parthénon. Mars représente la violence, la guerre, Mercure est double : elle représente à la fois tout ce qui est acte de commerce et de vente, et aussi l'intelligence, le mental. Si Venus représente l'amour, Jupiter représente le chef, le pouvoir, le roi. Il y a aussi Neptune, qui représente l'éternité, le fond des Océans, et l'ensemble des choses profondes et obscures. Il y a aussi le Soleil, principe de vie et de lumière, et la Lune, princesse de la nuit, bien sûr.
Viennent ensuite, posées sur ce cercle, les différents signes astrologiques, 12 au total, qui vont être utilisés pour étudier votre psychisme et votre destinée. Chacun sur 30 degrés indique une nature particulière.
Les maisons se répartissent aussi par 30 degrés, sur le même cercle, mais leurs frontières sont ou peuvent être différentes. Chacune va représenter un aspect de votre existence : le foyer domestique, vos capacités relationnelles, votre jugement, etc. Un thème astrologique peut être établi pour une personne, pour une organisation, on prend alors comme date et lieu de naissance la date de sa fondation et l'endroit où elle s'est constituée.
Les possibilités de représentation sont infinies. Si chaque décan est défini par quelques caractéristiques, on pourrait le faire de même pour les degrés à l'intérieur du cercle, créant ainsi un mode de temps et d'existence en continu, avec des variations infimes qui sont comme l'évocation d'une sonorité musicale. Pythagore a parlé à ce sujet de sphères d'harmonie. Il établissait que l'ensemble de l'univers avec ses planètes et ses étoiles était comme un chant ou une partition. La musique est l'expression plus ou moins complète de cette suite de vérités et de beautés qui nous viennent de l'astronomie. Cela permet à l'astrologie de définir les choses pour arriver à une définition de cet homme total recherché dans toute religion et dans tout rapport que l'individu possède, comme son moi intime, avec sa psyché.
L'astrologie nous mène donc sur le chemin d'une harmonie divine explicitant le monde. C'est pour cela que l'Église catholique a permis à ses prêtres de s'y intéresser. En revanche, c'était un blasphème de faire le thème de Jésus, parce qu'il était d'un autre monde, il était du royaume des Cieux, et il ne pouvait être réduit par une analyse à sa dimension uniquement humaine.
Ces sphères célestes et musicales sont d'autant plus précieuses pour comprendre le sens de la vie humaine qu'elles englobent dans la même harmonie le bien et le mal, l'amitié et l'inimitié, la paix et la guerre, la richesse en quelque chose et sa faille symétrique, son autre versant de vérité.
Un jeu de rôles s'établit entre les êtres et trouve sa signification transcendantale dans ce cercle ainsi créé avec son nombre infini de possibilités. Il va être pour nous une représentation psychique, comme peut l'être un code A.D.N., mais qui prendrait en compte en même temps l'individu et l?ensemble de son environnement.
Nietzsche l'a énoncé : la vérité est courbe. Il situait le savoir du monde dans un vieux savoir, explicité par les philosophes présocratiques. Ils doivent être lus comme des auteurs initiés à des savoirs partant de ces aperçus étranges et pénétrants, selon l'expression de l'illuministe Gérard de Nerval. Jung indique lui aussi comment percevoir un ensemble complexe d'analyses menant à une autre logique qualifiée d'occulte. Le Traité d'Albumasar nous conduit dans ce même état de conscience où d'autres vérités apparaissent, avec une logique différente, parce qu'elle est fondée sur une autre perception des nombres, des figures et du destin de l'existence.
À l'inverse, notre pensée du 20e siècle, dans l'assurance d'un progrès technique assurant plus de confort et de moyens matériels, a le plus souvent laissé de côté toute une partie de l'analyse du monde. Elle a pensé être certaine d'avoir trouvé un monde raisonnable où la question de l'âme était traitable dans son entier par la psychanalyse freudienne fondée sur un raisonnement de cause à effet.
Le vecteur de la sexualité est pris en compte dans le raisonnement astrologique, mais il n'est plus le vecteur central du débat. Il est représenté par Vénus qui est aussi la planète du grand amour, qui n'est pas forcément sexuel car une divinité ne peut être réduite à un comportement, un acte ou un désir. En effet, lorsque l'on parle en astrologie des planètes, elles influencent l'être humain comme des dieux pourraient le faire. Mars, Jupiter, Venus, le soleil, la Terre... l'ensemble des planètes géologiques utilisées en astrologie peuvent être considérées comme des dieux et déesses du paganisme considérés simplement comme des astres pour cause de religion monothéiste.
De même, on peut considérer que l'astrologie enlève de la conscience humaine, ou relativise, ce qui est à peu près la même chose, la notion de péché originel, mais sans le dire. On peut dire que l'astrologie transcende le péché originel, et resitue le destin de chaque individu vivant, homme, femme, humain ou animal, et peut-être même végétal, minéral... dans une situation de tragédie grecque où l'amélioration de l'individu étudié va passer par connaître ses aspects positifs ou négatifs, qui sont repérés par des mauvaises conjonctions d'astres. Le destin grec de l'homme, créé par le fil des Parques, révèle toute la grandeur de l'individu devant lutter contre la fatalité inscrite dans les astres pour arriver à l'homme total, à l'être de destinée. L'astrologie situe ainsi le débat psychique de l'individu dans un combat perpétuel, à l'antique, mais sans se permettre de critiquer une religion, qu'elle soit monothéiste ou polythéiste. Cela prouve le haut niveau psychique et scientifique d'un théologien comme Albumasar. Il situe le débat au plus haut degré de notre conscience et de nos connaissances pratiques. Son livre ne peut être lu comme un livre d'opinion, ou de jugement. Il faut plonger en lui comme dans un fleuve qui remonterait vers sa source. Les images de son ouvrage ont été modifiées dans le livre de Fendulus. Elles ont tout autant de force, parce qu'elles sont en rapport avec le texte et qu'elles représentent, en revanche, le ressenti des textes auprès d'un artiste européen, et non pas oriental. Et ce ressenti qui va jusqu'au fond de l'inconscient n'est pas forcément le même puisque l'Orient et l'Occident ne sont pas modelés à l'identique sur les mêmes inconscients collectifs.
TRAITÉ D'ALBUMASAR (Liber astrologiae)
Éditions M.MOLEIRO
Codex enluminé, traité d'astrologie qui résume la mythologie astrale des grandes civilisations : égyptienne, grecque, perse et indienne
«Quasi-original»
Édition première, unique, numérotée et limitée à 987 exemplaires certifiés devant notaire
M.Moleiro Editor
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