Les Heures d'Henri VIII

Mai : Ramassage des branches, f. 3


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Un autre couple insouciant s’adonne à ce plaisir de mai qu’est la collecte, le premier jour du mois, de branches aux feuilles naissantes ou commençant à fleurir. Le 1er mai, dans l’Europe médiévale – et moderne –, on célèbre le retour du printemps. Les célébrations concernent aussi bien la collecte de fleurs sauvages et de jeunes branches que le tressage de guirlandes de fleurs et l’érection d’un arbre de mai, autour duquel les gens sont amenés à danser. Dans la miniature, la femme a retroussé le bas de sa robe pour le loger dans sa ceinture, ce qui lui permet d’être plus à l’aise et de marcher plus facilement. Son encolure est carrée, à la mode Renaissance, comme pour la jeune fille de la miniature consacrée au mois d’avril. Son galant est, lui aussi, habillé à la dernière mode. Il porte une robe dotée de volumineuses manches Lombard brodées, de hautes bottes (houseaux) à mi-cuisses, et une cramignolle écarlate.

Dans la bordure gauche se trouvent deux apôtres, saint Philippe et saint Jacques (le 1er mai, en bleu), l’un avec une croix et l’autre avec un livre (des attributs plutôt passe-partout, qui ne nous aident guère à les identifier). Ce couple d’apôtres est suivi par une grande croix (pour la fête de l’Invention de la vraie Croix, le 3 mai, en rouge). Puis vient un saint masculin non déterminé qui se réfère probablement à l’un des trois martyrs énumérés vers le bas de la première colonne : Gordien (10 mai), Pancrace (12 mai), ou Boniface (14 mai). Le dernier saint dans cette section de la bordure, un moine, est probablement le dernier inscrit dans la colonne, à savoir Bernard (15 mai). La bordure droite commence en haut avec saint Bernardin de Sienne (la fête de la translation de ses reliques tombe le 17 mai ; il est fêté habituellement le 20 mai) ; vêtu de la robe d’un Franciscain, il tient un livre et un objet circulaire d’où des rayons jaillissent (le disque porte normalement l’inscription du saint monogramme de Jésus, IHS). Vient ensuite un saint évêque ou un saint abbé non déterminé. Le suit un pape, un saint là encore, qui se réfère probablement à Urbain Ier (25 mai, en rouge), tout en étant aussi une possible allusion aux trois autres papes qui se trouvent également répertoriés : Éleuthère (26 mai), Jean Ier (27 mai), et Felix Ier (30 mai). Le saint pape est suivi par un autre saint masculin non déterminé et, enfin, vient la Pétronille du premier siècle (31 mai), coiffée d’un turban noué, allusion picturale à sa grande ancienneté.

Le signe zodiacal est Gemini, le signe des Gémeaux (montrés nus dans une étreinte).

Roger S. Wieck.
Conservateur des Manuscrits du Moyen Age et de la Renaissance
The Morgan Library & Museum


Mayo. Los ramos, f. 3

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Mai : Ramassage des branches, f. 3

Un autre couple insouciant s’adonne à ce plaisir de mai qu’est la collecte, le premier jour du mois, de branches aux feuilles naissantes ou commençant à fleurir. Le 1er mai, dans l’Europe médiévale – et moderne –, on célèbre le retour du printemps. Les célébrations concernent aussi bien la collecte de fleurs sauvages et de jeunes branches que le tressage de guirlandes de fleurs et l’érection d’un arbre de mai, autour duquel les gens sont amenés à danser. Dans la miniature, la femme a retroussé le bas de sa robe pour le loger dans sa ceinture, ce qui lui permet d’être plus à l’aise et de marcher plus facilement. Son encolure est carrée, à la mode Renaissance, comme pour la jeune fille de la miniature consacrée au mois d’avril. Son galant est, lui aussi, habillé à la dernière mode. Il porte une robe dotée de volumineuses manches Lombard brodées, de hautes bottes (houseaux) à mi-cuisses, et une cramignolle écarlate.

Dans la bordure gauche se trouvent deux apôtres, saint Philippe et saint Jacques (le 1er mai, en bleu), l’un avec une croix et l’autre avec un livre (des attributs plutôt passe-partout, qui ne nous aident guère à les identifier). Ce couple d’apôtres est suivi par une grande croix (pour la fête de l’Invention de la vraie Croix, le 3 mai, en rouge). Puis vient un saint masculin non déterminé qui se réfère probablement à l’un des trois martyrs énumérés vers le bas de la première colonne : Gordien (10 mai), Pancrace (12 mai), ou Boniface (14 mai). Le dernier saint dans cette section de la bordure, un moine, est probablement le dernier inscrit dans la colonne, à savoir Bernard (15 mai). La bordure droite commence en haut avec saint Bernardin de Sienne (la fête de la translation de ses reliques tombe le 17 mai ; il est fêté habituellement le 20 mai) ; vêtu de la robe d’un Franciscain, il tient un livre et un objet circulaire d’où des rayons jaillissent (le disque porte normalement l’inscription du saint monogramme de Jésus, IHS). Vient ensuite un saint évêque ou un saint abbé non déterminé. Le suit un pape, un saint là encore, qui se réfère probablement à Urbain Ier (25 mai, en rouge), tout en étant aussi une possible allusion aux trois autres papes qui se trouvent également répertoriés : Éleuthère (26 mai), Jean Ier (27 mai), et Felix Ier (30 mai). Le saint pape est suivi par un autre saint masculin non déterminé et, enfin, vient la Pétronille du premier siècle (31 mai), coiffée d’un turban noué, allusion picturale à sa grande ancienneté.

Le signe zodiacal est Gemini, le signe des Gémeaux (montrés nus dans une étreinte).

Roger S. Wieck.
Conservateur des Manuscrits du Moyen Age et de la Renaissance
The Morgan Library & Museum


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