Selon le récit de Marco Polo, ce fut entre Baudac et Mossoul qu'advint quelque chose de merveilleux. Le calife, méchant et cruel, ne cessait de comploter des atrocités contre les chrétiens. Voulant obtenir qu'ils deviennent sarrasins, il dépouillait de leurs biens ceux qui refusaient de se convertir et les faisait tuer. Un jour, le calife trouva dans l'Évangile selon saint Matthieu, dans la sainte écriture, le passage suivant :
Si un chrétien avait une foi aussi grande seulement qu'un grain de moutarde, par la force de ses prières devant le Seigneur il pourrait déplacer les montagnes.
Le calife s'en réjouit, car il pensa que cela pourrait être le motif qui lui permettrait de condamner à mort tous les chrétiens. Il les fit donc convoquer et se rassembler devant lui.
À leur arrivée, il leur demanda s'ils se considéraient tous comme chrétiens, ce à quoi ils répondirent qu'ils portaient bien ce nom et qu'ils l'étaient réellement. Aussitôt, le calife fit lire à haute voix le passage de l'Évangile et leur demanda si cela était vrai.
Les chrétiens affirmèrent sans hésiter que c'était la vérité et que des choses encore plus grandes étaient possibles.
Le calife demanda :
M'assurez-vous donc qu'un chrétien qui aurait une foi aussi grande qu'un grain de moutarde pourrait, par la prière adressée à son Dieu, contraindre les montagnes à se rassembler ?
Les chrétiens répondirent avec certitude.
Alors le calife leur donna deux options : parmi tant de chrétiens, il devait bien s'en trouver un ayant un peu de foi ; si donc ils parvenaient à déplacer la montagne, ils démontreraient leur foi, sinon il les ferait tous mourir comme de faux chrétiens. L'autre option était de se convertir à la loi de Mahomet. Il leur donna un délai de dix jours pour prendre leur décision.
Les chrétiens, saisis de peur, décidèrent de mettre leur confiance en leur Créateur, espérant qu'Il les secourrait face à ce péril. Ils se mirent donc à prier jour et nuit, suppliant Dieu d'avoir pitié d'eux.
La huitième nuit, un saint ange du ciel, envoyé de Dieu, leur apparut et leur dit d'aller chercher un cordonnier borgne pour qu'il prie Dieu afin que la montagne se déplace. Ce cordonnier était un homme si dévoué qu'il s'était arraché un il pour éviter la tentation.
Arrivé le jour fixé, le cordonnier, avec les chrétiens, et le calife, avec les sarrasins, commencèrent l'épreuve. Le cordonnier se mit à prier et, à peine eut-il terminé son oraison, la montagne commença à bouger, et toute la terre trembla sous leurs pieds.
En voyant cela, le calife s'écria : « Grand est le Dieu des chrétiens ! ». Beaucoup de sarrasins se convertirent ce jour-là, mais ce qui surprend le plus est qu'à la mort du calife, on découvrit sous ses vêtements une croix, qu'il avait portée secrètement depuis ce jour, par crainte de la réaction des sarrasins.